C’est une réalité. À présent très connectée, La Réunion n’échappe pas à la révolution numérique avec l’arrivée de nouveaux acteurs (en quelques mois ou années), autres que les GAFAM*, qui redistribuent les cartes. Pour rappel, la transformation numérique concerne toutes les entreprises (on a déjà évoqué l'industrie par exemple) car elle relève avant tout du client et de ses nouvelles attentes. Pourtant, on constate que certaines activités sont bouleversées plus vite que d’autres, ce qui fait naître opportunités et parfois menaces pour l'éco-système entrepreneurial réunionnais. Dans cet article nous avons recensé, 8 secteurs qui, selon nous, sont les plus impactés à court terme, par la transformation numérique sur l’île de La Réunion.

*GAFAM est l’acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. 

En premier lieu, il est important de rappeler que chaque entreprise avait en moyenne 6 concurrents en 2014, et qu'elle en compte 22 en 2018 (Source Hubspot).

 Le tourisme

Le secteur du tourisme à La Réunion, comme en métropole et partout ailleurs dans le monde, a été chamboulé par l’arrivée des mastodontes booking, edreams, expedia ou d’AirBnb pour ne citer qu’eux sur le marché.

La location de particulier à particulier : Airbnb

Dans l’hexagone, l’impact économique de Airbnb en 2016 aurait été de 6,5 milliards d'euros, contre 2,5 milliards d'euros en 2015 et 1,0 milliard en 2014 (Les Echos). La Réunion n’échappe pas à la tendance puisque entre septembre 2016 et 2017, près de 60 000 voyageurs ont séjourné en Airbnb à La Réunion. L’impact économique aurait été de plus de 62 millions d’euros (Clicanoo). Acteur qui peut être vu comme concurrence frontale ou un complément de l’offre actuelle sur le marché de l’hôtellerie et du tourisme.

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Les agences de voyages en ligne (OTAs en VO)

Les agences de voyages en ligne telles que Booking ou Expedia, ont également pris une place prépondérante dans le secteur du tourisme. On recense d’ailleurs à La Réunion environ :

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Les médias et la TV

La télévision

Depuis janvier 2016, Netflix, la plateforme de vidéos en streaming, est disponible sur l’île, moyennant un abonnement mensuel qui s'élève de 7,99€ à 11,99€. Au regard de ses résultats en métropole : plus de 5 millions d’abonnés, et +100 000 clients supplémentaires par mois (source : Libération), Netflix vient disputer la suprématie d’acteurs historiques tels que Canal+ Réunion ou Parabole.

Sur le marché européen, Netflix aurait d’ailleurs enregistré l’un de ses meilleurs taux de progression à La Réunion. L’île compterait déjà 80 000 abonnés selon Denis Jacquet entrepreneur et président de l’observatoire de l’ubérisation, présent au MEDEF Awards en juin dernier.

Molotov TV est une application qui permet de regarder la plupart des chaînes de la TNT en direct, et vient bousculer les acteurs historiques de la TV à La Réunion. Et ce n'est pas fini : Apple, Amazon et Disney arrivent prochainement sur ce marché juteux en même temps que l'intérêt pour la TV "linéaire" se réduit fortement, selon le dernier Médiamétrie.

Enfin, Netflix mais aussi Facebook ont aussi des vues sur les retransmissions sportives en direct.

Les médias

Bien que les Réunionnais restent fidèles au JT à la télé, les audiences s'atomisent sur d’autres supports comme les réseaux sociaux notamment. L’audience est maintenant de plus en plus présente sur des terminaux digitaux, et surtout mobiles.

En 2019 à La Réunion, 62,9% des Réunionnais se connectent chaque jour à internet sur smartphone contre 53,8% en 2017 (source : Médiamétrie). 

  • Sur internet, les médias (ou sites) les plus visités à La Réunion selon Alexa sont :
    • 1. Google
    • 2. Youtube
    • 3. Facebook
  • On retrouve les sites d'informations locaux tels que Clicanoo à la 17ème place, linfo.re à la 24ème place, et Zinfos974.com à la 26ème place.
  • Freedom, 1ère radio incontestée de l’île entre en concurrence avec l’application Waze sur le créneau de l’inforoute en temps réel. On compte d'ailleurs pas moins de 75 000 d’utilisateurs actifs de Waze par mois à La Réunion (source : Waze).

Les investissements en publicité

Sans surprise, le marché de la publicité à La Réunion a chuté de 30 % ces 6 dernières années. Alors qu’il pesait encore 100 millions d’euros bruts en 2011 hors web (segments tv, affichage, radio, presse), il a perdu près d’un tiers en valeur en 6 ans.

Dans un futur proche et à l’instar de l’hexagone, les investissements en publicité digitale vont dépasser les investissements dans les médias traditionnels historiques. On le rappelle, avec une croissance soutenue, le montant total investi dans la publicité digitale (y compris search & display) dépasse depuis 2016 la télévision totalisant 1 651 millions d’euros (source : L'usine digitale).

L’ arrivée de Facebook Ads qui permet de toucher une audience de plus de 500 000 internautes soit 59% de la population est venu prendre des parts sur le marché de la publicité. Google Ads également. Ces deux acteurs représentent une manne importante et difficile à chiffrer qui échappe à l’économie locale, sans rentrer dans le débat de la fiscalité ou de la participation à l’économie de l’île.

Enfin, 6ème site internet le plus visité à La Réunion (et premier site Français), LeBonCoin a non seulement changé les habitudes de consommation de produits (nous développerons ce point dans la partie suivante), mais a également rebattu les cartes du marché des annonces, jusqu’alors chasse gardée de la presse.

Il en est d’ailleurs de même pour les marchés publics, autrefois publiés obligatoirement dans la presse locale, et qui échappent aujourd’hui en partie aux 2 groupes de presse principaux de l'île.

 Le retail et la distribution

Le E-commerce

On ne les présente plus, vous avez certainement déjà entendu parlé d’Amazon, Aliexpress, Cdiscount, Wish, materiel.net ou encore de showroomprivé…

Ces acteurs du e-commerce, pourtant non locaux, sont de plus en plus populaires et plébiscités, comme le rappelle la dernière étude Médiamétrie. Les réunionnais n’ont plus peur d’acheter sur le web puisque 8 internautes sur 10 ont déjà acheté un produit ou un service en ligne.

L’année dernière Clicanoo annonçait que La Poste avait dû moderniser son outil industriel en 2016 du fait de l’abondance de “paquets poste internationaux" au nombre de 10 000 par jour. La Poste estimait que plus de la moitié des colis qui arrivent à la Réunion provenaient du site "américain" Wish.

L’e-commerce fait donc évoluer le marché du retail B2C (mais aussi B2B) , opportunité que certains acteurs ont déjà saisi. En effet, on compte déjà plus de 200 sites de e-commerce réunionnais. Rien que ça ! Et plus besoin d'être un as du codage de site. Des solutions SaaS comme Shopify permettent de déployer des sites ecommerce très rapidement et à moindre coût.

Pour consulter le répertoire des sites de e-commerce à La Réunion c'est par ici !

Les plateformes communautaires

L’arrivée de plateformes communautaires (ou "marketplace") comme Leboncoin ont aussi changé les habitudes de consommation. Le site Leboncoin a enregistré entre juillet 2017 et juin 2018, 1 200 000 nouvelles annonces déposées sur la région Réunion (93% d'annonces de particulier, 7% d'annonces de professionnel), soit plus de 3 200 annonces par jour ! (source : Clicanoo).

Goni va même plus loin en proposant une plateforme 100% péi, dédié au troc “peer-to-peer” (de particulier à particulier), dans l'optique de favoriser le partage et l'économie sociale et solidaire.

Les pièces détachées et la distribution B2B

Avant il y avait un importateur exclusif qui revendait à des grossistes, puis des semi-grossistes, puis des distributeurs, puis des garagistes qui prenaient leurs marges respectives au passage. Aujourd'hui le client peut acheter sur des sites locaux ou nationaux (hellopieces, pieces-auto, misterauto, equipauto, WebdealAuto, ti-pieces, piecesenstock, oscarop pour ne citer qu'eux). Ce profond bouleversement de business model est inéluctable. Certains garagistes se spécialisent dans le montage, sentant bien que les belles années sont terminées. En métropole, on a même des mécaniciens ambulants qui viennent à votre domicile et lieu de travail pour monter une pièce. La valeur ajoutée se déplace sur le service et plus sur le produit fournit.

Dans d'autres secteurs, comme le matériel BTP (électrique, plomberie...) ou les pièces détachées électroménager, certains (B2B comme B2C) n'hésitent pas non plus à se fournir directement sur internet. Pourquoi ? Car il y a le prix, le stock et la livraison. Ce que bon nombre de distributeurs locaux ne sont plus capables d'assumer.

 La téléphonie mobile

On le rappelle : en 2012, SFR était leader sur le marché réunionnais avec un forfait à 99€/mois.

La fin du roaming, des MVNO (de l'anglais Mobile Virtual Network Operator) ou encore l’arrivée de nouveaux acteurs tels que Free sont venus redynamiser le marché.

L’apparition d’applications mobiles telles que Messenger, Viber ou Whatsapp supplante les SMS, MMS et permettent d'appeler gratuitement via une connexion wifi ou data de type 4G.

 

 La banque et les assurances

Vous avez probablement déjà entendu parler de Qonto ou encore du compte Nickel. Les banques s’adaptent en proposant des offres 100% en ligne pour les particuliers comme les entreprises.

Le secteur de l’assurance verra aussi bientôt de nouveaux acteurs apparaître : les Insurtech. Une étude du cabinet PwC affirme que pas moins de 56% des assureurs mondiaux estiment que 20% de leur chiffre d’affaires est menacé par les Insurtech. Axa, considère que ce sera la prochaine révolution (voir infographie ci-dessous). A suivre de près !

 

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 Le transport

Deux secteurs du transport ont été particulièrement transformés par la digitalisation. Le principe : utiliser les applications mobiles ou des guichets automatiques afin de proposer une expérience client sans frictions.

Le secteur de la location de voiture a vu sa concurrence s’intensifier du fait de l’apparition des comparateurs en ligne comme Liligo.

Des pépites réunionnaises sont apparues et proposent une offre adaptée aux besoins du marché local, comme Zotcar qui permet aux particuliers de gagner de l’argent pendant les vacances en louant leur voiture pendant leur absence ou encore Nouloutou.

La digitalisation a également facilité l’arrivée d’acteurs low-cost sur le marché des compagnies aériennes tel que French Bee.

 

 Les logiciels

Google Suite, Hubspot,  Stripe, Shopify… sont autant d’acteurs qui se développent et qui sont de plus en plus utilisées, surtout par les petites entreprises à La Réunion. La plupart des logiciels sont aujourd’hui disponibles en SAAS.

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Voici quelques exemples :

  • Terminaux et services de paiement : Sum Up, Apple Pay
  • E-commerce : Woo Commerce, Prestashop, Shopify
  • Gestion de la relation client : Salesforce, Hubspot, Microsoft Dynamics
  • Gestion de projet et travail collaboratif : Slack, Trello, Asana

 

 Le domaine du droit et du juridique

Dans la même veine, l'arrivée des Legaltechs sur l’île comme Captain Contrat ou Legalstart pour créer des statuts en ligne vient concurrencer directement les experts comptables et avocats à La Réunion.

Payfit et des applications de ce type viendront retirer du business sur le “social”, notamment les fiches de paye.

En Europe, l’émergence des technologies du droit connaît un taux de croissance de 20 % par an (source : Forbes) et on peut énoncer l’hypothèse que la tendance suivra à La Réunion.

 


La Réunion n’échappe pas à la révolution digitale. Pour pérenniser leur activité, les chefs d’entreprises ne doivent pas fermer les yeux sur ces mutations (jurisprudence Kodak, Toys’r us ou encore Blockbuster…) mais plutôt tenter de redéfinir leur vision pour transformer leur organisation et leur business model.   Pourquoi ? Pour être en phase avec les nouveaux besoins du consommateur et maintenir leur parts de marché, face à la concurrence d’acteurs étrangers. Même si ces acteurs ne participent pas directement à la vie économique de l’île (aucun employé sur place notamment), il ne faut pas omettre qu’indirectement cela crée aussi des emplois localement (community managers, agence de contenus, sociétés de conseil, agences digitales, maintenance, gestion de projets, sécurité informatique, réseaux et télécoms, infogérance, transformation digitale...).

Vous voyez d’autres secteurs impactés ? N’hésitez pas à commenter !

Et si vous souhaitez en savoir plus sur la transition digitale,  n'hésitez pas à consulter notre article "Qu'est-ce que la transformation digitale". Vous pouvez également télécharger gratuitement le guide pour débuter la transformation digitale de votre entreprise.

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